Description de la tour par l'architecte Bruno Morin
Batère est une tour circulaire d’un diamètre extérieur moyen de 10 m, dont les élévations en partie ruinées s’élèvent à 10,40 m de hauteur. L’épaisseur moyenne des murs, bâtis en moellons de granite majoritairement assisés, est de 2,90 m. Les parements intérieurs et extérieurs enserrent un blocage de tout-venant de granite hourdé au mortier de chaux aérienne hydrolysée.
Le promontoire rocheux d’assiette de la tour, escarpé côtés Nord, Est et Sud, laisse accéder à l’édifice par le côté Ouest. Les vestiges bas d’un mur de pierre sèche ou de moellons, barrant cet accès, subsistent à environ 40 m du pied de la tour.
Le rez-de-chaussée de la tour n’est pas accessible. Une citerne se trouve probablement en rez-de-chaussée de la pièce centrale comme semble en témoigner la conduite servant à la récupération des eaux pluviales aménagée dans l’épaisseur du mur méridional, dispositif semblable à ceux des tours de Mir et Madeloc.
On accède du côté Sud à l’intérieur de la tour: les vestiges d’un escalier extérieur, adossé sans harpage au parement de la tour, mènent par une porte à une salle circulaire située à 3,50m au-dessus du sol d’assise extérieur. Cette porte, dont l’embrasure est couverte d’un cintre surbaissé et une partie de l’encadrement extérieur a disparu, a été remaniée à plusieurs reprises.
A ce niveau, des vestiges de départ de voûte en coupole laissent présumer que l’édifice comportait un étage supplémentaire, dont l’accès se faisait au moyen d’un escalier dans-oeuvre se développant dans l’épaisseur du quart Nord-Est de la muraille. On accédait à cet escalier par un palier voûté, desservi par une porte couverte en arc légèrement brisé, subsistante côté Nord de la salle. Une grande brèche ouverte de ce côté dans le parement extérieur, a fait disparaître toute trace d’une éventuelle baie d’éclairement, de guet et/ou de tir donnant sur l’extérieur depuis le palier.
La salle du premier niveau fait environ 4,20m de diamètre. Côté Ouest une reprise récente du parement intérieur indique l’emplacement d’une ancienne cheminée et de son conduit, dont l’emprise est visible sur le relevé de 1988. Entre la porte sud et la cheminée, une gaine verticale traversait la voûte.
Des traces d’arrachement sur la périphérie du pied de mur, la hauteur de la base des jambages de la porte Nord, la hauteur côté Est d’une conduite d’évacuation, et l’affleurement au sol du sommet de l’extrados de la voûte de moellons de l’étage inférieur laissent supposer que le niveau de sol originel était situé à environ 50 cm au-dessus du seuil actuel de la porte Sud.
Les arases des vestiges de maçonneries, en couronnement de la tour, montrent bien le chemisage du blocage interne de tout-venant par les parements intérieurs et extérieurs. De hauteur inférieure à la hauteur de la voûte disparue couvrant originellement la salle du premier étage, elles ne donnent aucune indication sur les dispositions de l’étage supérieur: présence d’une terrasse, d’un parapet, d’un crénelage...
Les vestiges actuels et l’état de dégradation de la Torre de Batera ne délivrent par conséquent que des indices partiels quant aux dispositions d’origine de l’édifice, l’époque et la raison des transformations visibles. Ils confirment en revanche, par des similitudes architecturales avec les tours de Madeloc et de Mir, que Batère appartient bien à la typologie des tours à signaux.
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